La banque centrale européenne BCE qui se montre plus attentiste que son homologue américaine FED, est la cause de l’euro plus fort que le dollar ?
La Réserve Fédérale Américaine, la FED est active
Face à la crise financière la banque centrale américaine, la FED (la Réserve Fédérale Américaine), n’est pas restée inactive. Elle a baissé les taux des Fed funds de 6,5% en janvier 2001 à 1,75% en décembre 2001, puis après la rechute de l’activité à 1,25% en novembre 2002. Dans la sphère réelle, la reprise se faisait encore attendre, du moins dans les pays occidentaux. Le 23 juin 2003, la FED abaissait le taux des Fed funds à 1%, le taux le plus bas jamais atteint, et simultanément, elle annonçait qu’il resterait à ce niveau aussi longtemps que nécessaire au redressement de l’activité et qu’elle était prête à utiliser des moyens non conventionnels si besoin pour juguler les risques de déflation. Sur la même période la politique menée par la banque centrale européenne fut nettement moins agressive. Alors que la Fed baissait ses taux de 6,5% à 1% la BCE passait les siens de 4,75% à 2%. Inférieurs de 1,75% début 2001 ils se retrouvaient supérieurs de 1% en 2003. Cela aura eu pour effet de rendre moins profitables les investissements aux USA, orientant le flux de capitaux vers la zone euro et provoquant donc une appréciation de l’euro. On peut donc affirmer que la politique monétaire accommodante engagée par la Fed n’est pas étrangère à la hausse de notre monnaie unique vis-à-vis de la monnaie américaine.
Mauvaise stratégie de la banque centrale européenne BCE
La stratégie de communication de la banque centrale américaine fut également plus pertinente que celle de la BCE. En prenant pour engagement de maintenir ses taux au plus bas niveau historique aussi longtemps que nécessaire, à savoir pour « une période considérable », ainsi qu’en déclarant être prête à user de moyens peu conventionnels, la Fed est nettement plus persuasive.
Maintenir à tout prix les taux d’inflation en zone euro
En effet les autorités monétaires européennes gardaient pour seul objectif déclaré de maintenir leur taux d’inflation inférieur à 2%. Les taux d’intérêts restaient donc à 2% et, lorsqu’au cours de l’année 2004 l’inflation européenne a atteint des taux légèrement au dessus des 2% la BCE a revu son objectif à une inflation « autour des 2% ». De telles déclarations ne laissaient aucuns doutes quant à la non volonté de la BCE à baisser ses taux pour dynamiser une activité économique européenne morose.
Win Duisenberg président de la BCE puis Jean Claude Trichet
Et lorsque la BCE fit un geste pour la croissance, le 4 juin 2003, en abaissant elle aussi à son plus bas niveau son taux directeur depuis l’entrée en vigueur de l’euro (passant de 2,5% à 2%), son annonce n’eu pas l’impact escompté. Son président Wim Duisenberg avait indiqué qu’il n’avait « pas épuisé sa marge de manœuvre » mais la réputation rigoriste de la BCE (en opposition avec celle d’institution la plus pragmatique du monde de la FED) aura suffit à estomper ses déclarations. Le comportement attentiste qui suivi de la part de la BCE qui n’a pas baissé ses taux n’a pas contredit les anticipations. Le premier novembre 2003, la nomination à la tête de la BCE de Jean Claude Trichet, ex gouverneur de la Banque de France catalogué comme l’ennemi juré du laxisme budgétaire et monétaire, annonçait déjà cette absence de baisse des taux. Tout cela n’a donc fait qu’appuyer la tendance à la hausse de l’euro qui ne serait visiblement pas contrariée.
Plus d’informations sur notre dossier Taux de change euro dollar de l’époque.