Meilleure attractivité des titres européens explique un euro fort ?

La commission parla d’une meilleure attractivité des titres européens pour expliquer un dollar bien plus faible que l’euro.

Parmi les hypothèses concernant les causes de cette impressionnante progression de l’euro la commission européenne évoqua, courant 2003, une hausse de l’attractivité des actifs européens. En effet, si les agents économiques avaient considéré les actifs européens plus attractifs que les actifs américains ils auraient détourné leur confiance des U.S.A vers l’Europe et ainsi provoqué la hausse de l’euro.

La hausse de l’euro aurait alors favorisé la localisation de l’investissement et le développement de l’emploi dans la zone euro. La commission européenne avait alors supposé que les investisseurs internationaux aient découvert en Europe et plus particulièrement en zone euro un potentiel économique spécifique sous la forme d’un saut technologique ou d’une soudaine abondance de facteurs de production autre que le capital. Une telle évolution aurait également pu provenir de la perte d’un avantage de même nature aux Etats-Unis et c’est d’ailleurs vers cette hypothèse que s’orientaient les autorités européennes.

Grande défiance envers les titres boursiers aux Etats-Unis

Cette cause avancée de l’appréciation de l’euro est néanmoins à relativiser par l’évolution des marchés d’actifs depuis avril 2002. La très grande défiance envers les titres boursiers aux Etats-Unis, alimentée par des révisions comptables drastiques et des scandales financiers (Enron, Arthur Andersen, WorldCom, Tyco), tendrait à confirmée l’hypothèse si cette défiance ne s’était pas très vite propagée au reste du Monde, et en particulier en Europe. Elle n’a donc pas profité aux marchés boursiers européens. De plus cette hypothèse aurait également observé l’apparition d’un écart sur les taux d’intérêts longs en faveur de l’Europe (or les taux ne sont devenus favorable en Europe qu’en août 2002, et affichaient des niveaux très bas) et une évolution plus favorable en Europe qu’au Etats-Unis des marchés boursiers et immobiliers. Or cela ne fut pas le cas. Les taux d’intérêt sont restés très bas et ont ainsi alimenté une forte progression des prix sur les marchés immobiliers. Les perspectives de reprise étaient moins tangibles et plus éloignées dans la zone euro qu’aux Etats-Unis et, à moyen terme, la croissance attendue restait la plus vive en Asie et en Europe de l’Est.

Fuite devant les actions

Globalement, le mouvement a plutôt été celui d’une fuite devant les actions dont les prix étaient en chute et un report général vers les placements à court terme, lesquels, justement, étaient plus rémunérateurs en Europe qu’au Etats-Unis. Les banques centrales alimentant le marché monétaire en contrôlant les taux courts de part et d’autre de l’Atlantique, ce mouvement vers la liquidité n’a pas favorisé l’investissement en Europe. En revanche, il a probablement accentué les arbitrages au profit des placements courts européens et au détriment des placements longs américains. Une meilleure attractivité des titres européens face aux titres américains n’est donc pas un élément pertinent à prendre en considération dans l’explication de l’appréciation de la monnaie unique européenne.

Plus d’informations sur notre dossier Taux de change euro dollar de l’époque.